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La grève, c’est toute une Histoire

La grève, c’est toute une Histoire

Lorsque l’on demande à nos voisins européens comment ils voient les français, leur première réponse est souvent : « flemmards » !

Ce terme peu flatteur viendrait du fait que nous serions “toujours” en grève.

Alors, toujours en grève la France ?

Selon une étude de 2013, les travailleurs français ont passé 80 jours pour 1 000 salariés à faire grève cette année-là.

Beaucoup ? pas beaucoup ? Pour le savoir, intéressons-nous à nos voisins.

Dans cette même étude, nous apprenons que nous ne sommes finalement pas les premiers du podium. Nous arrivons tout de même en troisième position, devancés par les danois (387 jours) et plus largement par les chypriotes (2025 jours). La Belgique et l’Espagne sont aussi deux pays où les mouvements sociaux sont importants (Cf. graphique ci-dessous).

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Pas première du podium, la France a néanmoins une moyenne du nombre de jours de grève deux fois plus élevé à celui de la moyenne européenne. Et si l’on compare sur plusieurs années, la France reste présente dans la liste des 10 pays usant le plus de leur droit de grève.

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S’il s’agit bien d’un droit aujourd’hui inscrit dans la constitution, cela n’a pas toujours été le cas.

De 1791 à 1864, différents textes se sont succédé afin d’interdire la grève. D’abord, la loi Le Chapelier (1791), puis la promulgation du code pénal de Napoléon 1er en 1810, et enfin la loi du 27 novembre 1849.

Il faudra attendre la loi Ollivier du 25 mai 1864 pour la suppression du délit de coalition et la reconnaissance du droit de grève, ainsi que le 21 mars 1884 pour l’autorisation des syndicats.

Et depuis nous nous sommes bien rattrapés, il faut le dire !

Mais pourquoi en France, grève et mouvement social riment-ils avec conflits et protestations ?

Les 20 ans d’écart entre l’autorisation de la grève et la mise en place des syndicats ont fait apparaître dans les entreprises un rapport de force entre salariés et direction. La représentativité des salariés n’existant pas, ils ont tenté de se faire entendre par tous les moyens possibles.

Et si la loi du 27 décembre 1968 a fait entrer les syndicats dans l’entreprise, cela n’a pas apaisé les choses pour autant.

Le mois de mai de cette même année a été, nous le savons bien, l’un des plus contestataires que le France ait connu.

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Il est le parfait exemple de la « régulation conflictuelle », modèle sur lequel la France, mais aussi l’Italie et l’Espagne ont basé leurs rapports sociaux à la suite de la Seconde Guerre Mondiale. Ce modèle vient en opposition à celui que nous pouvons trouver dans les pays nordiques, la Grande-Bretagne ou encore l’Allemagne qui ont opté, quant à eux pour la « régulation pacifiée », où la négociation est privilégiée au conflit.

Si l’on s’intéresse à l’Allemagne de plus près, nous constatons que son organisation syndicale est bien différente de la France. Nos voisins allemands ont une organisation syndicale centralisée, dans laquelle la Confédération des syndicats allemands est le principal interlocuteur lors des négociations avec les employeurs ou le gouvernement, garantissant de cette façon un climat social plus serein.

En France, les différents syndicats sont très indépendants les uns des autres. Lors des négociations, si certains vont se retrouver en accord sur tel ou tel point d’autres ne le seront pas du tout, devenant plus vindicatifs, et vice versa… Difficile de voir aboutir des négociations sereinement dans ces conditions !

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Mais en France, la grève ne se fait pas seulement entendre, elle se fait voir aussi.

Manifester notre besoin de nous faire entendre nous vient en héritage de notre histoire. Les français sont des révolutionnaires dans l’âme. La Constitution de la Première République le disait très clairement, si le pouvoir des élus est légal il n’est pas pour autant légitime, la seule légitimité appartenant au peuple. Pour cette raison, lorsque les français sont en opposition, déçus ou ne sentent plus représentés, ils n’hésitent pas à le faire savoir en descendant dans la rue (qui leur appartient !)

Grèves ou manifestations, la contestation sociale fait partie de nous. Tous les ans, quel que soit le climat social ou bien les décisions prises par le gouvernement, les syndicats appelleront à l’action. Nous sommes d’ailleurs de mieux en mieux organisés, grâce aux nouvelles technologies. Il est possible, en se rendant sur le site http://www.cestlagreve.fr/ ou bien sur l’application mobile du même nom, de consulter toutes les grèves en cours ou à venir sur le territoire français !

Reste à savoir si ce modèle de régulation conflictuel est viable, si le modèle de nos syndicats est viable. La France est un pays dans lequel les salariés sont peu syndiqués, ne se sent-ils pas en phase avec les opinions de ces derniers ?

Les différents gouvernements ont parfois laisser “pourrir” des mouvements de contestation plutôt que de cherche à négocier pour finalement obtenir gain de cause. Plusieurs mesures, auxquelles les syndicats été farouchement opposés ont vu le jour (réforme des retraite, service minimum…). Quid de leur légitimité, crédibilité ?

Dans la période de transformation que nous vivons aujourd’hui, peut-être que nous devons également revoir notre mode de négociation entre élus et représentants des salariés et faire évoluer le dialogue social afin qu’il ne soit plus un éternel bras de fer, visant à faire tomber le plus faible.

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